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Chacun s'agrippe comme il peut à sa mauvaise étoile [Iseult] Schaf Keiffer INFORMATIONS ft. : Haikyū!! - Tetsurō Kurō Messages : 27 Date d'inscription : 24/07/2018 |
CHACUN S'AGRIPPE COMME IL PEUT À SA MAUVAISE ETOILE
Depuis son arrivée dans les méandres dématérialisés de Goldanation, Schaf a l'intime conviction que des mois voire des années ne suffiront pas à le rendre familier des lieux – il ne le veut d'ailleurs pas, et sa mauvaise volonté est assurément pour une grande part dans l'impression qu'il donne d'être totalement déplacé ici. La capitale des vices ne devait d'ailleurs pas tarder à le conforter dans son sentiment.
Il a essayé, autant que faire se peut, de ne rien changer à ses habitudes : se lever tôt, manger frugalement, courir matin et soir, n'accorder sa confiance à personne et ne tenir aucune information pour acquise ; surtout, choyer et juguler Charlotte tout à la fois, ne pas désavouer la promesse qu'il a faite à ses parents de la protéger en toutes circonstances. Il ne songe même plus à la rémunération et s'aperçoit de jour en jour qu'une affection toute personnelle le motive désormais à assurer sa fonction. Elle n'a pas à le savoir.
Il tâche de veiller sur elle, tantôt de près, tantôt de loin. Il n'a pas encore réussi à obtenir l'adresse exacte de sa résidence et elle dispose d'une capacité monstrueuse à le semer dans l'enfer par trop bruyant et lumineux qu'on nomme ici Bloc ALPHA. Qu'à cela ne tienne, il a du moins pu obtenir d'elle quelques informations sommaires sur ses colocataires, avant de se faire congédier sur le prétexte d'une sieste bien méritée. Il entend bien ne rien laisser au hasard.
Mais c'est sans compter la configuration étrange des lieux. Il ne s'étonne qu'au bout d'une dizaine de minutes, quand il comprend avoir échoué à venir à bout d'un dédale improbable de rues à l'aspect futuriste. Il s'est stupidement perdu. Son orgueil et sa défiance indécrottables lui défendent de solliciter les piétons. Certains semblent tout aussi égarés que lui, d'autres paraissent au contraire se repérer aisément – n'est-ce pas de l'insolence qu'il croit parfois distinguer sur leur visage ?
Cependant, des éclats de voix le détournent bientôt de son exercice d'orientation. L'esprit éprouvé par la petitesse morale de l'endroit, son premier réflexe est de passer son chemin et de ne pas s'en mêler ; mais son tempérament serviable ne tarde pas à reprendre le dessus. Il se dirige d'un pas énergique vers la provenance des voix et fronce les sourcils en apercevant, tout au fond d'une impasse, deux silhouettes entremêlées dans ce qui ressemble plus à une lutte qu'à une étreinte.
Une poignée de secondes plus tard, ses mains s'abattent lourdement sur les épaules de l'homme pour le tirer sans ménagement en arrière et le forcer à lâcher la jeune femme qu'il malmène. « J'ai l'impression que Madame ne vous a jamais invité à faire preuve de tant de familiarité avec elle, Monsieur. » remarque-t-il d'une voix dont la politesse ne laisse néanmoins aucun doute sur sa disposition à lui casser la figure s'il persiste à se comporter comme le dernier des cons.
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