Tout devenait rapidement habituel. La réalité n'était pas bien différente du reste. L'humain s'était toujours acclimaté de façon spectaculaire. Il prenait rapidement goût à des choses qui lui auraient été néfastes autrefois. Et c'est à peu près ce que je pouvais constater quotidiennement. Tout autour de moi, les choses devenaient un quotidien fragile. Les gens n'étaient plus surpris. La normalité s’immisçait, lentement, sûrement. Quant au travail, il n'a jamais été bien différent du reste. Les mêmes banalités revenaient toujours. Les patients étaient identiques. Tous. Car l'humain ne changeait pas. Il s'adaptait, mais n'était pas modifié pour autant. Sa nature était la même, au plus pur, au plus profond.
Je feuilletais le dossier d'un patient. Le dossier n°14658. Il s'agissait d'un homme qui se rendait régulièrement en consultations. Son histoire était classique. Il n'avait aucune souffrance particulière. Un stress, une fatigue. Rien de plus. C'est, du moins, ce que je pensais. Pourtant, l'hôpital détenait dans son dossier des informations essentielles. Il ne se rendait pas entre ces murs simplement pour des consultations. Il avait passé une série de nombreux examens, divers et variés. Son parcours médical était ancien. Il s'était accentué ces dernières semaines. Il n'avait, devant moi, pourtant jamais mentionné le moindre problème de santé.
Ce qui était inquiétant, néanmoins, était que le patient du dossier n°14658 était sous traitement. Je ne connaissais pas la nature de ce traitement. Certaines pièces manquaient au dossier. Il était, cependant, indiqué à plusieurs reprises que le médecin ayant récupéré le suivi médical était le Docteur Priest. Avec cette information, il n'était pas bien compliqué de la retrouver dans l'enceinte de l'hôpital pour lui demander les éléments manquants.
Je furetais dans les couloirs, à la recherche des noms inscrits sur les bureaux et les cabinets. Je traversais différents services, que je n'avais jamais exploré jusqu'alors. Certains étaient plus encombrés que d'autres. Certains laissaient paraître une plus grande souffrance. Je ne m'y attardais cependant pas. J'avais traversé la moitié de l'hôpital lorsque je trouvais enfin le nom Docteur Priest gravé sur la plaque dorée d'une porte. Le dossier à la main, je tapais trois fois.